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« Vous êtes-vous déjà demandé combien de fois dans votre vie vous aviez réellement dit merci? Un vrai merci. L'expression de votre gratitude, de votre reconnaissance, de votre dette. À qui? On croit toujours qu'on a le temps de dire les choses, et puis soudain c'est trop tard. ». Après Les Loyautés, Delphine de Vigan poursuit dans Les Gratitudes son exploration des lois intimes qui nous gouvernent.
Avec "Les gratitudes" (JC Lattès), son neuvième roman, Delphine de Vigan poursuit un voyage littéraire commencé avec "Les loyautés" (JC Lattès 2018), dans lequel elle visite les sentiments et les relations intimes entre les êtres humains. Un roman bouleversant sur la fin de vie, qui met en scène une attachante vieille dame perdant l'usage des mots dans un moment où elle en a le plus besoin. L'histoire: l'histoire commence par la fin, fatale et inéluctable. "Aujourd'hui", confie une jeune femme en préambule, "une vieille dame que j'aimais est morte". Cette phase ouvre le récit, celui des derniers mois de la vie de Michka. Michka, Michèle Seld, autrefois photographe de presse, puis correctrice dans un journal. Michka sauvée de la déportation par Nicole et Henri, qui l'ont accueillie et cachée pendant la guerre, un couple qu'elle n'a jamais pu remercier. Michka, dont les siens ne sont pas rentrés des camps. Marie rend visite régulièrement à Michka, cette voisine qui lui a servi de mère de remplacement quand elle était petite et délaissée par ses géniteurs.
Drôles parfois, les lapsus de Michka sont les premiers pas qui la conduiront à perdre la parole – avant la mémoire, l'équilibre, la tête. Habité de silences bouleversants, ce lumineux roman à l'écriture simple et tendre comme ses personnages rappelle qu'il est des gratitudes si grandes qu'il faut des années avant de pouvoir les exprimer.