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Il échappe aux protagonistes qui tentent de le saisir dans des démarches personnelles, essayent de le fuir en le mettant à l'écart par des actes absurdes, l'abhorrent autant qu'ils le désirent. Les Indépendances Les Indépendances. Honoré a su mettre en place le conflit structurant sans réellement le représenter, jouant en finesses avec les absences et les présences d'un récit construit sur la documentation subjective et collective. Nouveau roman traître de ces hommes et femmes, sait aborder des sujets qui les informent tels que le rapport à aux figures tutélaires de Beckett ou de Lindon. Mais jamais il ne dévient lénifiant, jamais il ne perd de vue ce pré-requis qu'il veut expliquer: l'écriture est d'abord une re-création de la réalité. Et pour cette pièce, on peut dire que c'est aussi une réussite.
Et on sent qu'il les connaît bien. Car il n'y a nul besoin, pour les spectateurs, d'avoir des références. Rien que cela, c'est déjà une forme d'exploit, tant l'histoire est dense et complexe, sur les plans littéraire et humain. En outre, au long de trois heures et demie qui filent sans qu'on regarde sa montre, on rit souvent et franchement, à voir et à entendre tous ces gens sur le plateau qui reproduit une salle d'université à la fois solennelle et kitsch, avec des marches d'escalier. Très importantes, ces marches: elles sont d'ordinaire l'attribut des pièces de boulevard. Nouveau roman honoré architecture. Et nous n'en sommes pas loin, avec ce Nouveau Roman qui s'affiche sans complexe comme une comédie, où l'on vit, écrit, publie, s'aime, se déteste, se jalouse et se trahit, le tout sur un ton léger, et même, parfois, en musique et en chansons. Il y a un côté potache dans le spectacle et, à certains moments, une forme de mauvais goût qui débecte une partie du public, et de la critique. C'est tout l'intérêt de ce Nouveau Roman: il divise, comme le mouvement a divisé en son temps et divise aujourd'hui encore.
durée 3h20 avec entracte – création 2012 Festival d'Avignon 2012 COUR DU LYCÉE SAINT-JOSEPH 8 9 1 1 12 13 15 16 17 Juillet À 22H Théâtre Lorient, Centre dramatique national de Bretagne (CDDB) les 10 au 12 octobre 2012 Théâtre de Nîmes les 17 et 18 octobre 2012 Théâtre de la Cité, Théâtre national de Toulouse-Midi-Pyrénées (TNT) du 23 au 26 octobre 2012 MAC – Créteil Du 7 au 10 novembre 2012 Théâtre National de la Colline 15 novembre au 9 décembre 2012 Théâtre Liberté, Toulon du 10 au 12 janvier 2013 Théâtre de L'Archipel, Perpignan du 17 au 19 janvier 2013
Pour un grand public, la scène semblera certainement justifiée et profonde: l'homosexuel qui se met à nu, quelle profondeur, quelle beauté symbolique! Ou alors on peut aussi penser que ça rappelle un peu Polnareff (« je suis un homme, je suis un homme, quoi de plus naturel en somme?! «) et là on perd en crédibilité sur le sujet. Avec mon regard sensible à ces analyses, cette scène tiendrait plutôt de l'exhibition, du zoo humain: ce n'est pas son masque social que Pinget défait, il ne se drape pas dans la dignité de son corps semblable à celui des autres – quoi, faut-il encore le prouver?! Non, il retire sa dignité d'être humain. Christophe Honore le Nouveau Roman | Véculture. Le seul nu sur scène, c'est l'homosexuel, parmi des hétéros (et un autre homo, Ollier, ceci dit) qui observeront, habillés, pendant que Pinget ramassera piteusement ses habits noirs. On peine à croire qu'Honoré a commis ça. Même la scène traitant de la sexualité de Robbe-Grillet est plus digne, pourtant l'homme ne ressort pas grandi de la pièce. Si le même voyeurisme gênant empreint d'une fausse impudeur pourtant pleine de clichés est à l'oeuvre lorsque ses pratiques SM sont abordées, celles-ci s'inscrivent dans un discours sur l'impuissance et la domination de sa femme, présentée au fond comme encore plus impuissantes – les rumeurs, me dit-on avec facétie, la créditent pourtant d'un rôle plus actif jusque récemment.