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Ce qui va lui permettre de toucher des royalties sur ses futurs « brevets », un aspect économique non négligeable. Les nouvelles variétés sont, du fait des licences, 30% plus chères que les traditionnelles: 2, 20 euros le plant au lieu de 1, 40 en moyenne. Cela explique aussi le regain d'activité de l'Inra, qui finalise une deuxième génération, les ResDur2. Vieux cépages oubliés Le pépiniériste vendéen investit dans des serres chauffées hors-sol « pour produire en accéléré jusqu'à 100 greffons par pied par an, au lieu d'un délai de trois ans en pleine terre, et pour pouvoir changer de variété d'un an sur l'autre », explique Olivier Zekri. A l'inverse, pour Lilian Bérillon, pépiniériste star des grands domaines, « les cépages résistants sont une fuite en avant au lieu de revenir aux fondamentaux de la biodiversité »: la vie des sols, l'agroforesterie, le retour à de vieux cépages oubliés, petit verdot, counoise, pinot d'Aunis, « avant de se jeter sur ces produits marketing qui tombent à pic dans le débat sur les produits de synthèse ».
On a assisté à ''une diminution des variétés plantées, disparition de certaines d'entre elles, multiplication à partir de ressources limitées, puis des sélections sanitaires et agronomiques. '' Pourquoi réintroduire de vieux cépages? ''Pour le vigneron, il y a un avantage d'image. Il peut développer une certaine notoriété, surtout s'il est le premier à cultiver un cépage ancien dans sa région. '' La démarche est le fait de personnes sincères et passionnés. La tendance a démarré dans les années 1980. Les pionniers se sont basé sur des éléments historiques - recherche bibliographiques, archives locales, mémoires des anciens - afin de réintroduire certaines variétés de vignes. Les conservatoires de cépages oubliés ''Quand le vigneron a identifié le cépage qu'il veut réintroduire, il s'adresse alors à ceux qui possèdent les collections'', comme le conservatoire national de Vassal appartenant à l'INRA, ou les collections locales au nombre d'une douzaine, souvent publiques. L'avantage des collections est que les cépages sont parfaitement identifiés et les plants sont sains, exempts de toute virose.
D'autres, plus connus, seront également à l'honneur, au premier rang desquels le tannat qui a accompagné nombre d'agapes gersoises. « C'est le premier cépage de nos vins rouges, car il est capable de produire de gros rendements, plutôt un vin de soif qu'un vin de fête », rappelle André Dubosc. Les « vieux cépages » seront là pour enrichir le tannat. Au-delà des soucis de préservation du patrimoine et autres recherches de biodiversité aujour- d'hui, les vignerons de Saint-Mont inscrivent aussi ces travaux dans l'avenir. Déjà, afin que ces cépages ne meurent pas, et qu'un jour, qui sait, la future génération de viticulteurs puisse faire du profit grâce aux savants et délicieux mélanges de ces « vieux » parfums pour un nouveau goût au palais. (1) Ampélographie: science qui étudie la vigne, ses cépages et leurs évolutions dans le temps.
Cela fait aussi partie du devoir de mémoire ». Danièle Raulet-Reynaud, l'une des premières femmes sommelier reconnues dans la profession, animera quant à elle une table ronde. Vice-présidente des Femmes Vignes Rhône, maintes fois titrée, cette hyperactive prône elle aussi la protection de ces cépages: « C'est un thème extraordinaire, mais c'est un gros morceau. Les viticulteurs présents ici essaient de protéger ces cépages modestes, que ce soit par l'assemblage ou en cuvée. Cette manifestation nous permet également de mettre en avant les spécificités des terroirs et de voir comment ils sont ressentis à l'étranger… » De l'économie à l'art de vivre, « Un cépage, un terroir, des hommes » - certes largement destiné aux professionnels - accueille également les visiteurs à l'espace culturel du Lavandou jusqu'à lundi. Et place, comme son nom l'indique, l'humain au cœur du terroir. 1. Avec les restaurants La Farigoulette, Le Bistr'eau Ryon, L'empreinte et le Club de Cavalière.
C'est un travail d'orfèvre et de patience que de reconstituer ces champagnes historiques! A ce titre, les prix sont forcément plus élevées que les références classiques, et pourraient même constituer une piste de valorisation de parties du vignoble champenois un peu plus oubliées, loin des zones grands crus: la vallée de la Marne et de l'Ardre, la « petite » montagne de Reims, l'Aube (avec des champagnes comme « L'originale », pinot blanc de Pierre Gerbais à Celles-sur-Ource ou « Quattuor » de la maison Drappier à Urville). C'est aussi la revendication d'une autre vision des champagnes qui « donne à […] goûter ce que la nouvelle créativité des vignerons […] a de plus original », martèle Benoît Tarlant dont la cuvée BAM! (comme pinot Blanc, Arbanne, petit Meslier) est devenue une référence. Laissons le médiatique vigneron d'Oeuilly nous raconter les vendanges 2012 et les dégustations des vins clairs 2010 sur ces cépages! Joëlle W. Boisson Photo CIVC / Michel GUILLARD / Vallée de la Marne Rive Gauche