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4 – Élégie, de Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) J'étais à toi peut-être avant de t'avoir vu. Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne; Ton nom m'en avertit par un trouble imprévu; Ton âme s'y cachait pour éveiller la mienne. Je l'entendis un jour, et je perdis la voix; Je l'écoutai longtemps, j'oubliai de répondre; Mon être avec le tien venait de se confondre: Je crus qu'on m'appelait pour la première fois. 5 – Les premiers instants, de René Char (1907-1988) Nous regardions couler devant nous l'eau grandissante. Elle effaçait d'un coup la montagne, se chassant de ses flancs maternels. Ce n'était pas un torrent qui s'offrait à son destin mais une bête ineffable dont nous devenions la parole et la substance. Poème gourmandise baudelaire l. Elle nous tenait amoureux sur l'arc tout-puissant de son imagination. Quelle intervention eût pu nous contraindre? La modicité quotidienne avait fui, le sang jeté était rendu à sa chaleur. Adoptés par l'ouvert, poncés jusqu'à l'invisible, nous étions une victoire qui ne prendrait jamais fin.
Les fleurs du Mal, spleen et idéal, un fantôme, Charles Baudelaire wikisource lien repère à suivre: odorat (Huysmans) Partager cet article Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous:
© Jean-Marc Viglino sur Pixabay 6 – Élégie, de Paul Valéry (1871-1945) […] Que nous ornions ou fassions le silence Que nous marchions ou que la nonchalance Tienne à l'envie nos membres allongés Que nos soupirs soient seulement songés L'un après l'autre, en même rêverie, Ou que l'un l'autre un baiser les marie, Soudain créé d'un mouvement commun, Nous sommes deux qui nous sentons comme UN Plus merveilleusement soi-même, que nous-mêmes, Et se redit: Je t'aime avec Tu m'aimes Et c'est un seul qui se dégage d'eux Sans plus savoir qui parle de ces deux.