liteqz.com
31 octobre 2012 - Cour de cassation, 3ème chambre civile - 11-16. 304 | Dalloz
La presse a beaucoup glosé sur le « faire long feu » utilisé par le premier ministre dans sa réponse à la question d'un lecteur du Parisien (édition du mardi 30 octobre). Sa question était « Pensez-vous faire long feu à Matignon? » Elle ne pouvait que se comprendre Pensez-vous durer à Matignon? Ce à quoi il répondit « Oui je pense. L'action que je mène au gouvernement ne peut que s'inscrire dans la durée. 31 octobre 2012 - Cour de cassation, 3ème chambre civile - 11-16.304 | Dalloz. » Et les commentateurs de se gausser: il a dit le contraire de ce qu'il voulait, car « faire long feu » cela signifie ne pas durer. Nous serons moins catégoriques, tant cette expression peut signifier tout et son contraire et conduire à s'emmêler les pinceaux. Littré en donne ces deux définitions: « Se dit au propre d'une arme dont le coup est lent à partir » et au figuré: « Se dit d'une affaire qui traîne en longueur ». Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis Littré. Le Robert, quant à lui, comprend l'expression d'une autre façon: au propre, « se dit d'une cartouche dont l'amorce brûle trop lentement, de sorte que le coup manque son but.
» Au figuré, « ne pas atteindre son but », avec, comme synonyme, échouer. Nous gardons le meilleur pour la fin, car Robert ajoute: « Ne pas faire long feu » signifie « ne pas durer longtemps ». Évènements du 31 octobre 2012 — Wikinews. Ipso facto, si « ne pas faire long feu » signifie « ne pas durer longtemps », faire long feu, c'est… durer. Il semble bien que cette expression soit comprise ainsi par beaucoup, et la présence de « long » explique peut-être cette « dérive » sémantique. « Faire long feu » signifiera donc aussi bien « durer » que « ne pas durer ». Un beau cas d'énantiosémie (deux sens opposés ou contradictoires pour un même mot)! Et pas de quoi rallumer la guerre du feu.