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Si vous courez et que vous voulez protéger les gens que vous croisez, tant mieux, c'est louable, mais je ne suis pas sûr que vous ayez envie de courir si vous êtes malade. " "Le meilleur masque, c'est de rester à distance des personnes qu'on croise" Mais il y a les porteurs asymptomatiques. Il y a les doutes, aussi, vu les flous entourant encore ce virus et la façon dont il se transmet. Interrogée par le site du magazine Outside, Sarah Doernberg, professeur universitaire en Californie spécialisée dans les maladies infectieuses, s'interroge sans certitude sur le fait de savoir si courir avec un masque humide sur le visage ne renforce pas sa contagiosité. Une récente étude belgo-néerlandaise, critiquée pour son manque de rigueur académique après avoir été beaucoup partagée, s'est pour sa part concentrée sur la possible contagiosité surdéveloppée des gouttelettes de sueur laissées par les coureurs dans leur sillage en incitant à ne pas courir les uns derrière les autres. "Mais à ma connaissance, il n'y a aucune véritable étude sur la transmission entre personnes qui marchent, qui courent ou qui font du vélo car les chercheurs se concentrent sur les gens en situation stationnaire, une situation déjà difficile à comprendre", précise à Outside le professeur Linsey Marr, experte en transmission aéroportée de maladies pour la Virginia Tech University (Etats-Unis).
La pandémie mondiale que nous vivons nous apprend beaucoup sur la façon de survivre dans un nouveau type de réalité. Comme la situation change constamment dans toutes les régions du monde, nous nous adaptons en ajustant notre comportement, notre contact avec les autres, nos projets de vacances et notre façon de faire de l'exercice. Restez à jour sur recommandations de l'Organisation mondiale de la santé et votre organisme de santé local. Les réglementations varient en fonction de l'endroit où vous vivez et du taux d'infection actuel. Une question qui fait l'objet d'un vif débat dans certaines parties du monde en raison de restrictions gouvernementales ou de décisions personnelles en matière de sécurité est de savoir si courir avec un masque est sain et efficace. Nous avons examiné ce que signifie courir avec un masque en termes de prévention, de performance et de risques potentiels. Est-ce que courir avec un masque vous protège ou protège les autres du COVID-19? Des études montrent que le port d'un masque semble être un moyen efficace de prévenir la propagation du COVID-19 au sein des communautés.
"Quand vous pratiquez un sport, vous avez besoin de respirer, de souffler, de cracher. Avec un masque c'est quasiment impossible", rappelle Bruno Burel, médecin du sport (1) et vice-président du syndicat national des médecins du sport. Le port d'un masque risque également de gêner la respiration lors de l'effort. "En moyenne, un individu en effort modéré respire entre 400 à 500 litres d'air par heure, lorsqu'on pratique une activité physique intense, on en respire 5 à 10 fois plus", précise le pneumologue et administrateur à la Fondation du souffle, Jean-Philippe Santoni. "Un masque filtre et diminuera donc l'apport d'oxygène", complète Pierre Parneix, médecin de santé publique et d'hygiène hospitalière au CHU de Bordeaux. Sans compter que le masque peut parfois aussi gêner la vue, ce qui peut compliquer et gâcher certaines activités comme la randonnée par exemple. Un masque humidifié Bien sûr, la volonté de porter un masque découle d'une bonne intention: protéger les autres. Seulement l'initiative risque d'être contre-productive, souligne le pneumologue Jean-Philippe Santoni: "Comme le masque gêne le sportif pour respirer, il aura tendance à le baisser sous son nez ou à le mettre autour de son cou, il risque ainsi de se contaminer".
Qu'est-il conseillé? Être séparé en tout temps de deux mètres des autres – peu importe qu'on marche ou qu'on coure – est recommandé. Le risque est alors « vraisemblablement négligeable », d'après l'INSPQ. L'idéal est de courir hors des villes, ou encore à des heures indues, ce qui n'est pas toujours possible. « Lorsqu'on pratique un sport à proximité des gens, tel que la course ou le vélo sur pistes cyclables ou voies réservées et que ces endroits sont bondés, il va de soi que la distanciation est difficile à maîtriser », observe la D re Mélissa Rattue, médecin d'urgence à l'hôpital Laurentien de Sainte-Agathe-des-Monts. La solution consiste alors à porter un couvre-visage. Quel couvre-visage adopter? Le gouvernement du Canada recommande un couvre-visage « constitué d'au moins deux couches de tissu tissé serré », comme du coton ou du lin. N'importe lequel fait l'affaire, tant qu'il est ajusté et pas trop inconfortable. Moov Activewear, de Boisbriand, propose un masque « fait dans le tissu avec lequel on fait nos vêtements de sport », indique Stéphanie Tremblay, cofondatrice de l'entreprise spécialisée en cuissards et leggings.
Protégé par un masque, il peut monter à 140 battements et cela peut générer des problèmes. Même chose pour un asthmatique. Il faut savoir, par ailleurs, qu'avec le Covid, les atteintes cardiaques sont importantes. Le virus peut générer des douleurs dans la poitrine. Donc, si on ressent des palpitations, il faut arrêter et se rendre chez son médecin. Même chose en cas de fièvre: il ne faut jamais courir dans un état fiévreux. " Le masque est-il déconseillé pour les déplacements à vélo?? "Sur un vélo, il est plus difficile d'élever sa fréquence cardiaque. Il est possible de rouler doucement sans atteindre une forte intensité cardiaque. En revanche, dès que vous faites du fractionné, donc des séances intensives, on retrouve les mêmes problèmes qu'en course à pied. " La décision du préfet d'imposer le port du masque sur l'ensemble de la métropole d'Orléans pour les coureurs à pied et les cyclistes nourrit les débats. D'ailleurs, Christophe Chaillou, le président de la Métropole, et le maire d'Olivet, Matthieu Schlesinger, ont demandé une dérogation pour les cyclistes et les coureurs.
Et si entre temps le coureur a touché des surfaces infectées, il peut le contaminer lorsqu'il repositionne le masque sur le visage. Autre problème posé par le port du masque barrière durant l'effort: son humidification. "C'est notre respiration qui provoque le phénomène et cela altère son efficacité", indique le médecin hygiéniste Pierre Parneix. Si certains ne s'imaginent pas courir sans masque, et pour limiter le phénomène d'humidification, Bruno Burel recommande un masque en tissu synthétique, "il sera moins fragilisé par l'humidité grâce aux différentes couches synthétiques". La distanciation physique, ultime protection Finalement, le seul geste barrière permettant de protéger celles et ceux qui nous entourent durant la pratique, reste le maintien de la distanciation physique. Le ministère des Sports exige une distance de 10 mètres minimum entre deux personnes pour les activités du vélo et du jogging, et une distance physique suffisante d'environ 4 m² pour les activités en plein air type tennis, yoga ou fitness.
Enfin, les sportifs doivent éviter de cracher durant l'effort, "avec les mains, le crachat est un vecteur important du virus", conclut le pneumologue Jean-Philippe Santoni. (1) Bruno Burel est également vice-président du Syndicat national des médecins du sport.