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Annie Ernaux est née en 1940. Après des études de lettres, elle devient professeure. Elle parle de sa vie dans de nombreux romans comme de son avortement dans l'Événement. Dans La Femme Gelée, à la fois roman autobiographie et essai (= œuvre de réflexion portant sur les sujets les plus divers abordés de manière personnelle par l'auteur), elle montre les limites de l'émancipation féminine. Pendant les Trente Glorieuses (1945-1975), les femmes vont être de plus en plus nombreuses à faire de longues études et accéder à un emploi. Néanmoins, elles continuent de s'occuper de la tenue du ménage car la répartition des tâches domestiques n'évoluent pas. L'adjectif « gelée », présent dans le titre, traduit, en effet, ce que nous nommons la charge mentale, cette pression ressentie par la femme qui doit veiller au bon fonctionnement du foyer tout en étant efficace au travail. L'extrait que nous allons étudier montre un jeune couple qui révise ses cours. Le bruit de la cocotte-minute va sonner le début des réflexions ironiques de la narratrice sur l'inégalité au sein de son couple.
Annie Ernaux en 2011 (Foire aux livres de Brive-la-Gaillarde) En 1981, Annie Ernaux décrit dans ce roman la vie « normale » d'une jeune femme, qui après une enfance heureuse et libre, découvre la « vraie vie »: un mari, puis un, puis deux enfants. L'existence qui se restreint, ménage, vaisselle, courses au supermarché, cuisine, biberons, promenades au parc… pendant que Monsieur « qui, lui, travaille », accepte tout naturellement de voir sa compagne transformée en domestique… et pire, croit, feint de croire, tente de lui faire croire qu'elle peut s'épanouir dans cet univers absurde et confiné… Le CAPES, et le métier ne changeront rien. N'a-t-elle pas, elle, la « chance » de n'avoir que 18 heures de cours et de longues vacances?
24 mai 2021 28 mai 2021 / Blog des Lettres Une vidéo pour comprendre les enjeux majeurs: La lecture linéaire complète: ← LECTURE LINEAIRE – Virginie Despentes, King Kong Théorie LECTURE LINEAIRE, Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses, Lettre 81 → Votre commentaire Entrez votre commentaire... Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter: E-mail (obligatoire) (adresse strictement confidentielle) Nom (obligatoire) Site web Vous commentez à l'aide de votre compte ( Déconnexion / Changer) Vous commentez à l'aide de votre compte Twitter. Vous commentez à l'aide de votre compte Facebook. Annuler Connexion à%s Avertissez-moi par e-mail des nouveaux commentaires. Avertissez-moi par e-mail des nouveaux articles.
La honte d'une mère pas assez femme. Les copines constatent, effarées, que le père épluche les pommes de terre pour la purée alors que la cuisine est le domaine des femmes, interdite aux hommes. La honte d'un père pas assez homme. La construction des stéréotypes de genre passe par cet apprentissage cruel, de découvrir que ses modèles ne sont pas fiables, mais aussi par les livres, les films, les productions culturelles qui représentent les femmes et les hommes selon les normes sexistes que nous connaissons, et que la jeune narratrice va découvrir à travers la littérature et les livres romantiques de sa mère. Naît alors l'obsession du romantisme, rêvasser des histoires d'amour, fantasmer les garçons, imaginer le sexe avec eux — en suivant les règles très précises de la bonne fille qui refuse la liberté sexuelle féminine, encore aujourd'hui perçue péjorativement — etc. En parallèle, les études, une Annie brillante en math et en grammaire, nulle en couture. Sa mère encourage, remet de l'ordre vers l'essentiel.