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Comme un résumé parfait de ses obsessions et de sa quête inlassable du bonheur. « Le Jardin des tarots était mon époux, mon amour, mon tout. Aucun sacrifice n'était trop grand pour lui », résumera-t-elle, en guise d'ardente confession, dans une lettre à Harry Mathews, le 17 septembre 1988.
En rébellion contre leur famille respective, les deux amoureux transis s'unissent en cachette le 6 juin 1949 à la mairie de New York. Le 23 avril 1951 naîtra à Boston une petite fille prénommée Laura en souvenir du très beau film d'Otto Preminger… Le bonheur conjugal est, hélas, vite perturbé par les troubles nerveux et les problèmes de santé que traverse la – trop – jeune mère. Seul l'appel de l'art tend à apaiser les angoisses qui taraudent son esprit. L'apprentissage de la peinture se fera dans son propre salon, à portée des premiers babils de sa fille Laura. Ingersheim. Robes de mariées écologiques. « Peindre calmait le chaos qui agitait mon âme et fournissait une structure organique à ma vie sur laquelle j'avais prise. C'était une façon de domestiquer ces dragons qui ont toujours surgi dans mon travail tout au long de ma vie et cela m'aidait à me sentir responsable de mon destin. Sans cela, je préfère ne pas penser à ce qui aurait pu m'arriver », confiera-t-elle bien des années plus tard dans son livre de souvenirs intitulé Harry and Me.
Mais Niki de Saint Phalle n'est pas qu'une femme des années 1960 dont l'œuvre se serait fanée par la suite. Cette rétrospective se clôt sur une très grande salle évoquant les projets d'art public qui l'ont occupée du milieu des années 1970 jusqu'à la fin de sa vie, où à travers des maquettes, un crâne géant ou des totems mêlant diverses cultures, continue de se déployer un univers inventif toujours traversé par des problématiques politiques (tel un dessin raillant George W. Bush en 2001) et sociales, et notamment le drame du sida. Ingersheim - Exposition. Un jardin de mariées « éco-responsables ». Une vie d'engagements et de combats donc.